Le projet d’Alice Vanlint s’intitule Soutenir le développement de la compétence à écrire au 2e cycle du primaire
L’objectif de la recherche de madame Vanlint est de répondre à la question suivante : Comment accompagner des enseignants et des futurs enseignants dans le déploiement d’un cadre d’intervention en écriture qui s’appuie sur un soutien individualisé de chaque enfant, dans un contexte de grand groupe?
Les recherches menées au GRIES (Université Laval) ont permis de développer un modèle d’intervention en écriture qui permet aux enfants de l’enseignement spécialisé et aux enfants du 1er cycle du primaire d’évoluer significativement en écriture (Sirois, Boisclair, Darveau & Hébert, 2010). Ces résultats amènent la doctorante à envisager l’expérimentation du modèle auprès d’élèves du 2e cycle du primaire fréquentant un milieu régulier. Toutefois, compte tenu de la longueur des productions écrites et du nombre plus important d’élèves par classe au 2 e cycle du primaire, le modèle développé par le GRIES ne peut pas être transposé tel quel dans ces classes. Il est ainsi nécessaire d’effectuer une démarche réflexive avec les enseignants afin d’élaborer une démarche d’intervention qui corresponde aux caractéristiques et aux besoins particuliers de leurs milieux.
Dans le cadre de son projet de recherche, la boursière travaillera dans un contexte de recherche collaborative avec des enseignants du 2e cycle du primaire et des futurs enseignants (stagiaires) afin d’adapter le modèle à leur contexte d’enseignement. Ce projet lui permettra d’analyser le développement des compétences professionnelles des praticiens impliqués dans le projet. Durant quatre (4) mois, il sera proposé à trois (3) enseignants du 2 e cycle du primaire de co-enseigner (Roth &al. 1999) avec trois (3) futurs enseignants afin d’expérimenter et d’adapter le modèle d’intervention développé par le GRIES.
Concrètement, des rencontres en dyades entre le stagiaire et l’enseignant seront organisées et vidéofilmées une à deux fois par semaine pour planifier les activités d’écriture, échanger à propos des séances passées et réfléchir au soutien à apporter aux élèves, notamment ceux rencontrant des difficultés particulières. D’autres rencontres vidéofilmées seront également organisées sur une base bi-mensuelle, en triades, entre la doctorante et les deux praticiens. Ces séances seront l’occasion de s’engager dans un processus de négociation de sens autour du concept de développement de la compétence à écrire afin d’adapter le modèle.
Selon l’approche choisie, la verbalisation des expériences et les interactions sociales conséquentes au travail de collaboration (coenseignement, rencontres en dyades et en triades) devraient permettre aux acteurs impliqués dans le projet de confronter leurs points de vue et d’ainsi propulser le développement professionnel de chacun. C’est principalement ce processus de développement professionnel par une activité de collaboration qui fera l’objet de l’analyse par la doctorante.
Les résultats de cette recherche collaborative pourront ainsi être réinvestis dans le cadre de la conception d’autres formations pour enseignants et futurs enseignants visant à les accompagner dans le développement de leurs compétences professionnelles.
Le projet de monsieur Benoit s’intitule L’enrôlement dans les classes d’accueil de mathématiques de l’école secondaire québécoise: une double approche didactique et ergonomique.
Le projet de recherche montre que les classes d’accueil de mathématiques (CAM) du secondaire, destinées à l’intégration linguistique, scolaire et sociale des nouveaux immigrants ne maîtrisant pas la langue de scolarisation, posent des défis particuliers pour l’enseignement, soit de a) déterminer les contenus à enseigner, b) déterminer la place de l’enseignement de la langue de scolarisation en classe de mathématiques et c) prendre en compte les appartenances culturelles des élèves. Or, les pratiques d’enseignement visant à enrôler des élèves aux compétences aussi hétérogènes qu’en CAM sont peu transmises étant donné l’isolement et la précarité de ces enseignants.
La recherche de David Benoit vise à comprendre comment des enseignants en CAM du secondaire arrivent à favoriser l’enrôlement des élèves envers les exigences d’une tâche mathématique; elle vise également à identifier des conditions propices à la construction d’une professionnalité enseignante spécifique aux classes d’accueil de mathématiques. La notion d’enrôlement (Bruner 1983), consiste à ce que, face à une tâche mathématique, un élève soit confronté à son ignorance et réalise qu’il a besoin du soutien de l’enseignant et qu’il s’y engage.
Une séquence de cinq séances de classe sera filmée avec comme sujet principal chacun des huit enseignants de CAM volontaires. Ensuite, des extraits en lien avec l’enrôlement seront choisis pour des autoconfrontations, le tout suivi d’un retour avec les participants pour consolider les résultats du processus. L’analyse permettra de reconstruire l’itinéraire cognitif de la fréquentation des mathématiques proposé aux élèves et les logiques d’action des enseignants et ainsi décrire leurs pratiques réelles.
Le projet de monsieur Benoit vise à construire un espace de développement professionnel qui permettrait la mise à jour de savoirs professionnels éventuellement utiles comme ressources pour les formations initiale et continue et la participation à la constitution d’une professionnalité en CAM.
L’impact potentiel sur la société québécoise se pose en terme d’équité. On peut penser que le déficit de professionnalité dans le contexte des classes d’accueil de mathématiques de l’école secondaire a un impact sur les apprentissages des élèves. Or, le système scolaire québécois met en place des moyens substantiels pour favoriser l’apprentissage du français et l’intégration à la société des nouveaux immigrants, mais ne fait pas d’efforts particuliers pour l’apprentissage des mathématiques. En effet, le temps y étant consacré dans les classes d’accueil est le même qu’en classe ordinaire, ce qui ne prend pas en compte les difficultés liées à l’apprentissage des mathématiques en français. Au Québec, comme ailleurs en contexte similaires, le niveau de mathématiques enseigné à ces élèves se résume souvent à la base et cette situation peut priver les nouveaux Québecois arrivés à l’âge scolaire d’un accès aux cours de mathématiques avancés et aux programmes de formation nécessitant ces cours et, ce faisant, à des emplois de qualité au même titre que les autres citoyens.
Enfin, la recherche proposée pourrait avoir un impact sur la société en aidant à revitaliser les liens entre la recherche, la formation et la pratique dans le sens d’une collaboration plus pertinente en vue de l’amélioration des pratiques éducatives au Québec.
Le projet de madame Fortier s’intitule Étudiantes en formation professionnelle non-traditionnelle : une étude qualitative de l’expérience scolaire.
Dans le système scolaire québécois, la persévérance et la réussite plus grandes des filles par rapport à celles des garçons sont saluées et débouchent depuis un certain nombre d’années sur une féminisation des études postsecondaires. Toutefois cet état des lieux en cache un autre, préoccupant de par sa permanence : le clivage sexuel du marché du travail, et par ricochet, des domaines de formation. Il est pourtant démontré que ce clivage a pour conséquence la persistance d’une précarité économique et professionnelle davantage féminine au Québec. Cette scission est présente à tous les niveaux de formation, mais demeure particulièrement marquée à la formation professionnelle au secondaire, où de nombreuses formations traditionnellement masculines pourraient pourtant représenter des voies professionnelles intéressantes pour les femmes (MELS, 2010; Yergeau, 2007). Sylvie Fortier vise à mieux connaître ces parcours scolaires atypiques et à comprendre comment ils sont vécus par ces femmes, en 2012.
Le projet d’étude de madame Fortier cherche à documenter davantage l’insertion scolaire des étudiantes en formation professionnelle menant à des métiers traditionnellement masculins. L’étudiante a formulé l’hypothèse que l’insertion au groupe scolaire majoritairement masculin a des répercussions sur la persévérance scolaire de ces dernières et, ultimement, sur leur réussite et leur diplomation. En effet, la question de leur insertion à des groupes scolaires masculins permet de saisir davantage comment les stéréotypes peuvent être dépassés ou continuer à fonctionner comme des obstacles dans la démarche d’insertion (Croity-Belz et al, 2010). La présente recherche pourrait avoir comme impact social de contribuer à valoriser une réelle liberté de choix vocationnel pour les femmes et à permettre aux femmes de s’investir dans des carrières non traditionnelles sans avoir à relever le double mandat d’apprendre le métier choisi et de changer les mentalités (Mazalon et Beaucher, 2002).
En utilisant une approche qualitative/interprétative, madame Fortier s’intéresse à l’expérience scolaire des élèves en formation professionnelle menant à un métier traditionnellement masculin et vise à décrire la façon dont elles perçoivent leur vécu scolaire, incluant leurs motivations quant à leur choix de carrières, les rapports avec leurs collègues masculins, leur perception des stéréotypes sexuels présents et leurs principales préoccupations quant au métier choisi. Elle cherchera à répondre aux questions suivantes : quelles conditions d’intégration scolaires ces femmes rencontrent-elles ? Quelle est la perception qu’elles se font de ces conditions d’intégration scolaires dans des formations à prédominance masculine ? Quelles sont leurs principales motivations (ressources, perspectives professionnelles, stratégies, etc.) à faire ce choix d’orientation scolaire, puis à poursuivre leurs études.